Ceux qui me connaissent un peu
savent que je suis fan de séries policières américaines avec lesquelles le VTT
partage pas mal de similitudes.
Un épisode d’une série ne
commence pas directement par le générique. Histoire de planter le décor (ou la
victime), on passe d’abord quelques images bucoliques, le paysage, la rue, un
couple de jeunes qui se bécotent, … Juste ce qu’il faut pour savoir où placer ses
deux neurones. Au départ d’une rando, le paysage est évident, la distance entre
notre place de parking et les inscriptions est directement proportionnelle au
succès de la rando. Plus il y a de
monde, plus on stationne loin. Au vtt, on ne se bécote pas (quoique …) mais on
lorgne le matériel environnant : monoplateau, clips, pneus boue, carbone,
tige de selle, … Les adversaires se jaugent : moule bite ou short, jambes
rasées ou forêt amazonienne, mitaines ou gants, en long ou en court, francophone
ou néerlandophone, …
A la télé, juste avant le
générique, les deux jeunes s’aperçoivent qu’ils s’apprêtent à fort niquer sur
un cadavre, la fille pousse un cri perçant … générique. Chez nous, c’est un peu
moins théatral : les chronos, le couteau entre les dents, se poussent des épaules sur la ligne de
départ en pensant enfoncer leur opinel entre les omoplates de celui qui est
devant … départ.
Le générique a cela de bien que
l’on connaît les « héros » qui seront encore présents à la fin de
l’épisode. On y présente parfois la guest star, au bord de l’oubli, qui espère
relancer sa carrière. Au Vtt, c’est plus simple : on est certain que tous
ceux qui partent reviendront et il n’y a pas de vedette. En matière de relance,
par contre, nous sommes les spécialistes.
Bon, le mort l’est toujours, les
détectives détectent, les suspects suspectés sont connus, tout se met joliment
en place. Le départ est lancé, les premières jambes rasées poussent les
premiers touristes dans le fossé et le premier qui rouspète se fait traiter de
con. On adopte un rythme de croisière. Rien d’extraordinaire. Le public est
chaud comme les pop-corns.
Quand survient le premier
événement : la coupure de pub où une actrice sirupeuse vous vente les
mérites de la choucroute mexicaine ou des sardines suisses. Chez nous, c’est le
premier ravito qui offre une ligne rapide aux lapins de garennes qui ont juste le temps de pointer, attraper une banane, pisser un coup, tout cela au vol,
sans mettre pied à terre. Moi, je préfère le mode ravito gourmant qui me permet
d’avaler des morceaux de banane, du chocolat, des gaufres, des quartiers d’oranges,
du matoufet, quelques verres de boisson revigorante et un petit chocolat pour
le dessert. On pisse quand même un coup sur la haie du voisin, histoire de bien
la crâmer et de rendre le sourire à son propriétaire pour l’édition de l’année
suivante. Et on repart, bien lestés.
Après la coupure, les choses se
décantent. Les détectives qui ont bien détecté montrent leur talent de
constatateurs : « Bon sang, Jack, la balle qui lui a perforé le
tympan n’était pas mortelle ». « Mais oui, Jane, cela signifie donc
qu’il était déjà mort avant, çà alors ! ». Au passage, vous
remarquerez que le nom des inspecteurs dépasse rarement deux syllabes :
Jack, Tip, Nick, Jane, Tony, … une par neurone et cela nous permet de bien
suivre les événements. Bon, il y a bien un Horacio de temps en temps mais c’est
plutôt une exception. Les policières sont généralement carénées comme des
fusées Saturne, avec les capots moteurs bien en évidence.
En matière de patronymes, nous ne
nous défendons pas trop mal quoiqu’avec un niveau d’originalité supérieur mais
toujours avec deux syllabes (grand-maxi) : Duj, Pili, Mastro, Robs, Punky,
Myco, … Le niveau de constatation, lui, a plutôt tendance à s’effondrer et les
carénages sont plutôt du côté des garde-boues.
Là, nous sommes dans le vif du
sujet. Les suspects sont vite dé-suspectés un à un. « Morton n’a pas pu
tuer Max car il a été vu sur des caméras de internes au casino de Las
Namuros » dit Gips à Tony, le sourcil en coin, avec l’air de dire que les
images pourraient être truquées.
En Vtt, les caméras sont
absentes. Sauf les Gopro et leurs images qui vous donnent l’impression d’avoir
picolé sur de la tôle ondulée en vous vibro-massant quand vous les regardez.
Les favoris se décantent et nombreux sont ceux obligés de ravaler leur fierté
en laissant s’échapper les meilleurs. Ceux-là sont toujours suspectés de triche
à leur arrivée mais personne n’ose le dire tout haut.
Arrive la seconde coupure où les
mêmes hôtesses peroxydées veulent nous fourguer des tampons hydrosolubles avec
avertisseurs sonores et des démontes pneus électrosensoriels. Tout cela pendant
que mipmip se pointe pour gober une épluchure d’orange, pisser un coup (ben
oui, avec ce qu’ils mettent dans leur bidons, vous pensez bien que cela doit
s’évacuer ) et repartir au grand galop (c’est une image !) dans un nuage de
poussière, face au soleil couchant. Pour les autres, ce sont plutôt les chips,
le reste des bidons d’eau remplis à l’eau du village et il n’y a plus de
chocolat parce que vous vous êtes empiffré au premier ravito et que tout le
monde vous est passé devant.
Dans les séries américaines, le
multiculturalisme est de rigueur. Chez nous, c’est plutôt le culturisme mais,
bon, d’un côté à l’autre de l’Atlantique, on peut bien accepter quelques
différences. Dans l’équipe de base, on trouve toujours un inspecteur blanc, un
noir, un jaune, un rouge, un mélange de tout cela et, souvent, l’inspectrice
est blanche et blonde. Je suppose que c’est parce qu’ils ont du stock à écouler.
Quant à moi, j’ai un VTT noir et orange et comme vous le savez, orange is the new black. Je suis donc
très raccord.
A ce moment, les jeux sont quasi
faits. Le coupable est dans la dernière ligne droite mais cela peut encore
changer sur incident technique, comme une crevaison ou une chute (quoiqu’en y
réfléchissant, il y a toujours une chute dans les feuilletons). Le vttiste lui,
sent l’écurie (et la transpiration), il voit la victoire devant lui mais c’est
sans compter sur Bill qui lui envoie une hache entre les yeux car finalement,
c’était lui, le vrai coupable. Bill, l’ami de longue date, le confident de tous
les jours et, accessoirement, le chef de la brigade des policiers qui n’a pas
supporté qu’on lui pique sa petite amie lors du bal de promo de 1981.
Fin de l’histoire ….
Mais ce n’est pas terminé. Comme
partout, il y a des leçons à retirer de l’épisode. Jack qui était secrètement
amoureux de Jane lui roule un patin (de frein) pendant que jambes rasées raconte
à qui veut l’entendre qu’il était déchaîné et que c’est ce qu’il lui a valu
de mettre deux heures dans la vue de
tout le monde. Mais là, il est un peu pressé par un besoin urgent. Ben tiens …
tu penses bien que, chargé comme il était, il faut bien évacuer.
Moi, j’arrive trois heures plus
tard. Il n’y a plus de bière et les pains saucisses sont froids (ou carbonisés,
selon la saison). Le bike wash n’a plus d’eau et de toutes façons, je m’en
fiche puisque ma voiture est toute seule au milieu du parking.
I’m a poor lonesome cowboy …
Générique …
Saison deux la semaine prochaine
…
Pub …
Eric